Ce qu’il faut éviter :
Quant aux idées
Surtout : ne jamais prendre d’exemple dans la politique contemporaine. Le risque de heurter un correcteur est trop grand. D’autant qu’une analyse de politique contemporaine est toujours, plus ou moins, une prise de partie qui suppose sinon de fausser les choses, du moins de les présenter dans le sens de sa prise de position. Attitude peu philosophique.
C’est dommage car les difficultés que rencontrent, par exemple, un grand nombre de pays, africains notamment, viennent justement d’un déficit d’État, laissant ainsi la voie libre aux bandes armées et aux mafias. Le cas de la Somalie, entre autres est intéressant. Ou celui des « Révolutions arabes », qui laisse parfois de grands territoires hors du contrôle d’un État affaibli, comme on le voit en Lybie ou au Sinaï égyptien.
Inversement, dans d’autres pays les difficultés proviennent d’un État qui n’est pas constitué en État de droit. Mais… pas d’exemple politique contemporain. Nous sommes en Terminale de lycée, non à Sciences-Po, comme j'ai déjà dit.
Quant au plan
Un mauvais plan pourtant tentant :
1. Qu’est-ce que devoir ?
2. Qu’est-ce que l’État ?
3. Que devons-nous alors à l’État ?
Dans un tel plan, en effet, seule la dernière partie est dans le sujet. Sans doute sera-t-il nécessaire de définir l’État, mais seulement en cours de route, au moment où le besoin s’en fera sentir. La définition sera alors raisonnée. C’est en fait un concept qui sera élaboré. En philosophie, contrairement à ce qui se passe en sciences, les définitions viennent à la fin, non au départ. Au début, on se contente de prendre le sens le plus large et le plus général.
Il faut une problématique
La dissertation philosophique n’est pas une question de cours ou un article d’encyclopédie. Il n’y a pas lieu de dire tout ce qu’on a à dire sur l’État et encore moins tout ce que les auteurs, de l’Antiquité à nos jours, en ont dit.
Il faut dire quel problème vous voyez à propos de ce sujet, le traiter et s’en tenir là. Il faut cependant le traiter d’un point de vue philosophique et non administratif (par exemple l’État et les Régions, l’État et les fédérations d’État) ou juridique (le fonctionnement des rouages de l’État…). Philosophiquement, cela veut dire qu’il faut remonter aux raisons qui justifient qu’on accepte que l’État soit et qu’il soit ce qu’il est. Ces raisons sont ce qu’en philosophie on appelle fondements.
Alors à chacun sa position. Ici, tout est liberté, mais dans tous les cas, les positions défendues doivent être fondées. Elles ne peuvent pas n’être que des opinions ou des slogans. Et vous ne pouvez pas vous contenter de dire « c’est mon choix ». Vous devez au contraire œuvrer pour que « votre » choix puisse devenir le choix de quiconque veut bien considérer vos raisons.
Quelques exemples
Vous êtes un peu anarchisant et vous pensez que la médiation étatique n’est pas toujours nécessaire ? Allez-y.
Vous êtes étatiste et vous voulez que l’État prenne tout en charge ? Allez-y, mais après l’échec de l’Union Soviétique, vous aurez du mal. On vous lira avec d'autant plus d’intérêt.
Vous êtes très « libéral » et vous pensez que moins il y a d’État et mieux la société se porte ? Allez-y.
Vous êtes « théocratique » et vous pensez que l’État étant une institution divine, l’obéissance qui lui est due doit être inconditionnelle ? Allez-y (mais bon courage !).
Vous êtes républicain (comme moi) et vous pensez que seul l’État est à même de faire advenir un peu de justice dans un monde qu’on ne maîtrisera jamais, mais qu’en même temps l'État est toujours une menace ? Allons-y.
Un plan possible, découlant de la problématique posée
En introduction,
Il est certain que nous devons obéir (donner quelques exemples banals, sans développer). Mais jusqu’où ? Jusqu’à donner sa vie ? Qu’est donc l’État pour mériter de tels sacrifices ? Car il existe des États violents dont on ne peut que souhaiter la disparition.
1. Ce que, spontanément, je crois devoir
Liste des services, puis classement par ordre d’importance.
Mais constatation que les État sont quelquefois (souvent ?) tyranniques.
On arrive à un besoin de définition de l’État séparant l’État violent de l’État de droit.
2. Mais en quoi l’État le mérite-t-il ?
L’État de droit et le citoyen.
Exposer ce qu’est l’État de droit, à partir du Contrat social (Rousseau ou Hobbes, selon son choix).
En déduire que l’État n’est qu’une construction humaine.
3. Ce que je dois à l’État
La possibilité d’être et d’être libre. Donc, je lui dois tout. Mais l’État en lui-même n’étant rien et pouvant facilement se transformer en violence, je dois à la fois le respecter et le surveiller.
Je ne lui dois, en fait que d’être citoyen.
Qu’est-ce qu’être citoyen ? C’est, de ce point de vue, faire en sorte que l’État reste conforme à ce qu’il doit être, un État de droit. Je dois être vigilant, instruit, dévoué… (pas nécessaire de développer trop, ce serait entrer dans une autre dissertation).
En conclusion
Comme toujours, la conclusion rappelle la thèse défendue et les raisons avancées : on ne doit rien à proprement parler à l’État. On doit à tous d’être un véritable citoyen. Rien d’autre, mais ce rien, c’est tout.
Il n'est pas interdit d'expliquer qu'il n'est pas si facile d'excercer sa citoyenneté... ni de réponse, enfin, à la question.
Et finalement, que devons-nous à l'État ? Rien d'autre que d'être un citoyen efficace.